Anna Gołkowska Dymarczyk et Sylwia Jata de l’association Góry Kultury parlent à Anna Ochmann
Anna Gołkowska-Dymarczyk 
Sylwia Jata
Je rencontre à nouveau Anna Gołkowska-Dymarczyk et Sylwia Jata de l’Association « Góry Kultury » à Tarnowskie Góry. Nous avons commencé notre précédente conversation par les projets de l’Association Góry Kultury, et aujourd’hui nous allons discuter de l’utilisation des techniques numériques et du rôle d’Internet dans les activités de l’association.
Comment se fait-il que vous ayez commencé à utiliser les nouvelles technologies et quelle est l’origine de l’application « Cynk TG » ? S’agit-il d’un effet de confinement ou d’une tournure naturelle des événements qui fait qu’à un moment donné, vous avez créé un jeu urbain qui utilise des QR codes et qui est plus numérique ? Et la deuxième question, concernant la façon dont vous utilisez les réseaux sociaux, comment cela vous aide-t-il dans vos projets – pas seulement en termes de promotion mais aussi de mise en œuvre ?
Anna Gołkowska-Dymarczyk : Il sera probablement plus facile de répondre d’abord à la deuxième question, car elle est plus courte. Nous utilisons les réseaux sociaux principalement pour la promotion – cela va sans dire, mais il faut souligner que parce que l’association est basée sur la passion, tout se fait plutôt spontanément. Nous n’avons pas encore de personnes responsables des réseaux sociaux et il n’y a pas de répartition rigide des tâches.
Sylwia Jata : Il faut dire que nous avons développé cela un peu par tâtonnement, car, par exemple, au début, chacun de nos événements avait sa propre page de fans, qui a ensuite disparu dans les profondeurs de Facebook et de tout l’Internet. Nous avons donc appris à gérer ce domaine de manière à ce que tout soit regroupé sous une seule bannière, un seul parapluie, pointant vers nous en tant qu’organisateurs. Cela a permis de trouver plus facilement des informations sur nos activités.
A.G.-D. : Il faut toutefois noter que nous réalisons également des affiches et que nous n’avons pas renoncé à cette forme traditionnelle de promotion. Pour ce qui est de la première question, je pense que c’est en fait les deux. C’est l’ordre naturel des choses et un effet de la pandémie.
S.J. : J’ai également besoin d’un contexte plus large pour répondre à la question. Par exemple, nous avons organisé l’événement Year of Tyrmand, qui s’est déroulé en ligne sous la forme d’une réunion d’auteurs, mais nous avons senti, nous savions que nous pouvions faire beaucoup plus. De plus, il y avait simplement tellement de ces événements en ligne qu’il était impossible de tous y assister, même s’ils étaient extrêmement intéressants. Lorsque toutes les salles de sport ont été fermées en raison du confinement, mais qu’il fallait quand même prendre soin de soi et rester actif, c’est-à-dire faire les fameux dix mille pas par jour, nous avons décidé de… marcher. Et divers aspects ont commencé à s’intégrer. Après tout, tout le monde a un portable sur lui…
A.G.-D. : Bien sûr, nous avions déjà entendu dire que les jeux urbains évoluaient vers Internet, mais dans notre association, il n’y avait pas d' »application » particulière ou de personne sur Internet pour dire « Hé, faisons-le ». C’est donc probablement la raison pour laquelle nous n’y avons pas pensé avant. Mais en raison des dix mille pas par jour et de la décision d’annoncer l’idée de » culture sur le Net » comme priorité de la ville, Sylwia et moi avons décidé de transférer notre expérience de création de jeux urbains sur Internet.
S.J. : Le lancement de l’application « Cynk z TG » a eu lieu le 27 juin 2021, un dimanche. Pour être honnête, nous étions très inquiètes de savoir si les gens seraient vraiment intéressés par un tel événement, mais ce qui s’est passé a dépassé nos attentes. Il devait y avoir 20 équipes sur la ligne de départ ! C’était une journée de folie ! Nous avons également créé une vidéo sur la façon d’utiliser le jeu – c’est un peu comme un manuel d’instruction pour l’application https://www.facebook.com/147237335297909/videos/315390236731255.
A.G.-D. : Les groupes Facebook de Tarnowskie Góry sont très actifs et j’y publie toujours tous nos événements. C’est toujours bien accueilli, car les gens peuvent savoir ce que nous faisons et ce que nous leur proposons. Mais nous utilisons aussi la méthode du bouche à oreille.
L’application propose une version « marche » et une version « canapé », à laquelle j’ai joué. C’est intéressant et stimulant. Mais j’ai une question sur les participants eux-mêmes. Vous avez parlé de 20 équipes le jour du lancement. Qui est venu ? Des enfants, des familles ?
A.G.-D. : Enfants, familles, personnes âgées… En fait, tout le spectre social des habitants de Tarnowskie Góry et plus encore ! Par exemple, il y avait un couple de personnes âgées vraiment génial. Je me souviens de leur commentaire à l’arrivée : « C’est la première fois que j’ai quelque chose comme ça sur mon téléphone et j’ai adoré, je vais le dire à tous mes amis » !
S.J. : Et la seule chose qu’ils n’ont pas su faire était… de prendre un selfie, bien que nous pensions que ce serait le moins compliqué, et certainement plus facile que de faire fonctionner le GPS de manière à vérifier tous les points du parcours.
A.G.-D. : À la fin, ils ont dit qu’ils enverraient ce selfie plus tard… Il y avait beaucoup d’enfants, des familles, quelques couples. Il y avait un couple qui nous a dit qu’il recherchait ce type d’attractions et que c’était leur façon de passer leur temps libre.
Y aura-t-il une suite à ce projet ? Vous pouvez toujours télécharger l’application, mais y a-t-il une limite de temps ?
A.G.-D. : Le jeu sera disponible jusqu’en juillet 2022. Cependant, à partir de septembre, si les écoles fonctionnent normalement, nous en ferons la promotion auprès des élèves et des enseignants, par exemple comme support pour les cours d’histoire régionale ou locale. Même si Tarnowskie Góry possède des monuments classés au patrimoine mondial de l’UNESCO [Mines de plomb, d’argent et de zinc avec un système de gestion des eaux souterrains à Tarnowskie Góry] et que nous avons vraiment de quoi nous vanter, nous voulons une participation réelle. Il ne s’agit pas d’un autre guide officiel ennuyeux ! L’inspiration directe, l’idée de l’application est née plus tôt, en réponse à un autre concours, consacré à la période où la Pologne retrouvait son indépendance. Nous n’avons pas reçu de financement dans le cadre de ce concours, mais l’idée de nous concentrer sur cette époque est restée et a grandi.
S.J. : Nous nous sommes alors demandé ce qui s’était passé ici, à Tarnowskie Góry, à cette époque. Nous avons demandé à notre ami historien et il nous a raconté une belle histoire sur la façon dont, après la fermeture de la mine, des gens intelligents sont arrivés au pouvoir et ont construit des écoles, des hôpitaux, tout ce qui se passait dans une ville avec relativement peu d’habitants ! Tant de pubs et de cafés sont apparus à l’époque qu’aujourd’hui encore, les personnes qui visitent Tarnowskie Góry sont surprises par le nombre de ces lieux autour de la place du marché. Comment cela se fait-il ?
Nous aussi, nous venons ici !
S.J. : Eh bien, c’est la question que nous nous sommes posée ! Pourquoi ? Et c’est ainsi que notre projet a commencé.
A.G.-D. : Habituellement, lorsque les mines ferment, la conséquence naturelle est que la ville meurt et se désintègre. Mais à Tarnowskie Góry, il s’est passé quelque chose d’inhabituel, car les sages autorités de la ville ont décidé de profiter du fait que la ville était encore sur les vapeurs de son ancienne splendeur et ont décidé de construire des écoles, de nombreuses places de marché sont apparues. Elles ont également profité du nœud ferroviaire local, l’un des plus grands de la région, le point de rencontre de nombreuses routes commerciales et ferroviaires et, par conséquent, de nombreux visiteurs. Les visiteurs ont besoin de se loger, de se nourrir ou même d’ouvrir leur commerce. Avec ce jeu, nous voulions montrer combien de pubs, de cafés et de lieux de divertissement se trouvaient à Tarnowskie Góry dans les années 1920, et qu’il y avait autrefois un magasin de vêtements dans le bâtiment actuel de la mairie. Nous voulions rappeler aux joueurs où les gens allaient pour manger et boire, mais aussi où il était interdit de boire ou de danser. Nous voulions présenter ces faits intéressants pour montrer l’histoire de la ville d’une manière différente.
S.J. : Nous voulions montrer que ce n’est pas seulement l’époque des mines qui a façonné la ville, mais que les années 1920, l’entre-deux-guerres, ont également été très importantes et ont formé la ville. Mais les souvenirs des anciens résidents étaient tout aussi importants, car il y a encore des gens qui se souviennent de ce qu’abritait chaque bâtiment, qu’il y avait un certain pub ou un café sur la place du marché. Nous voulions que d’autres personnes entendent ces histoires et ces souvenirs. Les années 1920 étaient déjà documentées par des photographies, c’est pourquoi c’était si amusant de chercher les informations.
Je voudrais poser une question sur la coopération avec les créateurs de l’application – les codeurs/développeurs – je ne suis pas sûr du mot juste. Comment cela s’est-il passé ? Comment était-ce ? Vous avez dit vous-mêmes qu’il n’y avait pas beaucoup d’amateurs d’informatique dans l’association. Comment ont-ils transposé votre vision dans le monde virtuel ?
S.J. : Nous avions une vision assez claire, mais la difficulté était de la communiquer clairement aux développeurs. Finalement, cela a fonctionné et s’est avéré excellent, dépassant même nos attentes. Néanmoins, il y a eu beaucoup de réunions, beaucoup de scénarios initiaux, d’idées initiales sur la façon de structurer l’histoire, sous quelle forme. Nous avons également dû tenir compte de certaines limitations. Par exemple, il n’est pas possible d’avoir de longs textes dans l’application – cela ennuierait l’utilisateur. Les textes doivent au contraire être captivants, intéressants et donner du rythme à l’ensemble du parcours.
A.G.-D. : Le défi consistait certainement à transformer l’histoire inspirante de l’historien avec lequel nous avons coopéré en un jeu. Nous devions décider comment le jeu montrerait l’ancienne fonction d’un certain lieu. Quelle tâche ou quel puzzle créer ?
S.J. : Une autre difficulté a été de choisir les bons endroits à visiter pour que le parcours ait un sens et éviter de revenir trop souvent au même endroit. Pendant la phase de test, de nombreux endroits intéressants ont été rejetés, parce qu’ils étaient trop éloignés et qu’ils vous feraient revenir par le même chemin, ou parce que l’itinéraire n’était pas assez attrayant ou trop compliqué. Parfois, le GPS localisait un certain point, mais au milieu de la route et il était impossible de le rectifier, si bien que nous avons dû renoncer à cet emplacement également. Il y avait beaucoup de problèmes techniques de ce genre.
Et quelle était la valeur ajoutée d’avoir une application ?
A.G.-D. : Je pense que c’est le fait qu’il n’y avait rien de tel à Tarnowskie Góry jusqu’à présent. Et qu’elle fonctionne toujours – que vous pouvez l’utiliser. Ce n’était pas comme avant, quand l’événement avait lieu et qu’à part des photos sur Facebook, il n’en restait rien.
Nous encourageons tout le monde à essayer l’application sur http://www.gorykultury.com/aktualnosci/175-gra-mobilna-cynk-z-tg et à visiter Tarnowskie Góry ! Merci de m’avoir parlé !
Anna Gołkowska-Dymarczyk – présidente de l’association « Góry Kultury ». Elle adore la mode et toutes les choses des années 1920-1950. Elle ne peut pas imaginer une journée sans un livre ou une conversation sur les livres autour d’une tasse de café.
Sylwia Jata est une passionnée d’histoire locale, associée depuis des années à des organisations non gouvernementales à Tarnowskie Góry, elle a organisé de nombreux événements pour des entités commerciales et en coopération avec des institutions culturelles. Pendant son temps libre, elle lit et regarde presque tout ☺.
